La qualité du couvain est un élément essentiel au bon développement de nos colonies et à leur état sanitaire. Tout au long de la saison, il est important de garder à l’œil l’aspect du couvain afin de détecter au plus vite les colonies qui pourraient « poser problème » !
La qualité du couvain se définit le plus facilement par l’absence d’alvéoles ouverts dans le couvain operculé. Certains parlent de compacité du couvain ou encore de vitalité. L’important est que tous les œufs pondus suivent un développement normal de manière à donner une belle planche de couvain operculé. Lorsque ce n’est pas le cas et que des larves ou des nymphes meurent en cours de développement, on parle de couvain lacunaire.
La qualité du couvain est un paramètre important dans le suivi de nos colonies. Tout d’abord, les colonies avec un couvain très compact sont souvent celles qui se développent le mieux. Elles nous offrent donc les meilleures récoltes, mais aussi des possibilités de division, ou de prélèvements pour le peuplement de ruchettes de fécondation, etc.
Ensuite, les colonies avec un couvain très compact sont aussi celles dont le couvain est le plus sain, donc sans maladies du couvain. Certaines sont généralement bénignes comme l’ascosphérose ou le couvain sacciforme. Par contre, d’autres maladies sont beaucoup plus pernicieuses comme les loques européenne et américaine qui sont très contagieuses. Nous devons bien les connaître et les détecter pour éviter de les propager à notre insu !
Au-delà des maladies, d’autres raisons rendent le couvain lacunaire. Chacun connaît les risques de la consanguinité en relation avec les allèles sexuels. L’âge et la qualité de la reine interviennent également. De même, le couvain est souvent beau lorsque « tout va bien » dans la nature.
Si une période de froid ou de manque de pollen survient, la qualité du couvain diminue dans certaines colonies. Le « trou de miellée » de juin est également une période difficile, tout comme une longue période de pluie.
On l’a bien compris : la qualité du couvain est une des clés du développement et de l’état sanitaire de nos colonies. Il faut donc y prêter une attention systématique. Dans le cas contraire, on arrive à s’habituer à des colonies dont le couvain s’éloigne de l’optimum.

 

Photo 1: couvain lacunaire à 10% (photo: Hubert Guerriat)

Photo 2 : couvain lacunaire à 35% (photo : Hubert Guerriat)


Photo 3 :  couvain lacunaire à 75% (photo : Hubert Guerriat)

Certains apiculteurs qualifient alors de «beau » un couvain qui en réalité est déjà lacunaire.
Pour éviter cette dérive, nous avons tout intérêt à noter la vitalité du couvain lors de chaque visite des colonies. Les photos qui illustrent cet article représentent trois niveaux charnières dans l’évaluation d’un couvain (voir aussi le tableau).

On considère comme normal et compact un couvain avec moins de 10 % de cellules vides.
Au-delà de 10 %, l’apiculteur doit s’interroger et rester très attentif.


En notant systématiquement la qualité du couvain, on connaît bien ses colonies, on suit leur évolution et on arrive à identifier celles qui résistent le mieux aux aléas des saisons apicoles. Ce sont uniquement ces colonies qui doivent être multipliées et diffusées ! De ce fait, les transferts de cadres d’une colonie ou d’un rucher à l’autre doivent toujours avoir été précédés d’un examen minutieux du couvain.

Hubert Guerriat