par Mitch CULLIN
Ed. naïve, 2007(311 p.)
Tout le monde sait que le célèbre enquêteur britannique, Sherlock Holmes a pris sa retraite dans le Sussex.
Il y soigne à la fois ses rhumatismes et ses abeilles. Il a 93 ans.
Il marche avec une béquille et soigne six ruches avec l’aide du jeune fils de sa nouvelle gouvernante. Il fume cigarette et cigares. Il prétend n’avoir jamais fumé de pipe calebasse : invention d’éditeurs !
Il rédige un « Manuel pratique d’apiculture » et un volumineux « Art complet de la détection ».
Il a été piqué exactement 7.816 fois par ses abeilles.
Il a toujours mauvais caractère.
Il s’est retiré du monde.
Sauf que …..
Sauf que il va être amené à résoudre trois énigmes. Il sera ainsi révélé une amour ancienne, un apiculteur japonais et les dangers d’un rucher…..
Il ira au Japon à la recherche de la très mellifère Aralia Spinosa, dite aussi Aralia épineuse - angélique massue du diable. C’est une variété proche de l’Aralia Elata dont, dans mon jardin, fleurit un rejet que m’avait offert, jadis, Renelde Masquelier.
Mich Cullin maîtrise le pastiche. Son regard mêle ironie et tendresse envers le personnage. Il le connaît fort bien et fait intervenir le redoutable Moriarty, l’impressionnant frère Mycroft, et le célèbre Diogènes Club, ainsi que la discrète mais sévère Mrs Hudson. Il remet à sa place le Docteur Watson, que Sherlock n’a jamais appelé que John et dont il n’aime pas les versions romancées de se enquêtes.
Il sera aussi question d’une Apis cerana japonica (à propos, j’ai vu sur Arte, le 5.1.08, un documentaire sur les frelons. Les frelons ont besoin de larves d’abeilles. Pour se servir, ils envoient un frelon éclaireur pour repérer une colonie. L’éclaireur est attaqué par les gardiennes, elles piquent le frelon, hélas !, l’une après l’autre. Le frelon s’en sort et peut rentrer chez lui apporter l’information : bonne colonie avec beaucoup de bonnes larves. Ensuite, la colonie de frelons vient en masse pour se servir tout en attaquant les abeilles jusqu’à même décimer la colonie. Horreur ! C’est ainsi en Europe, tandis qu’au Japon, les abeilles ont une autre stratégie. Elles y forment une grappe autour du frelon éclaireur. Elles produisent ainsi une chaleur suffisante pour tuer l’intrus. Elles continuent alors à vaquer à leurs occupations familières en toute quiétude).
Ce n’était donc pas innocent que Holmes soit revenu d’Hiroshima avec cette abeille locale… Allez savoir ?
Ajoutez à cela des fleuraisons intrigantes, un orgue de verre aux vibrations troublantes, une disparition de bonne tradition, une logeuse outrée, un cabinet très secret et un rucher sur une falaise près d’un étranger rocher, et, vous obtenez un livre à savourer par les apiculteurs et à déguster par les amateurs de Conon Doyle. Alors, si vous êtes les deux, je vous dis pas l’extase !

Sain Michel