Les lignes qui suivent, résument la conférence faite par Hubert Guerriat le 7 juillet sur le sujet.
Tout d’abord qu’entend-t-on par la « tolérance » à varroa ? En fait cette expression regroupe un ensemble de comportements naturels des abeilles pour lutter contre l’acarien qui vit à ses dépens. Il peut s’agir :
d’épouillage pour enlever ou blesser les acariens qui se trouvent sur une autre abeilles ou le sujet lui-même, de durée réduite (moins de 12 jours) du développement de la nymphe après l’operculation qui limite la reproduction de varroa, de l’aptitude à reconnaître les cellules infestées et à en extraire les nymphes.
Les abeilles qui ont développé de tels comportements et en particulier le dernier donnent l’illusion qu’elles hébergent des acariens qui ne se reproduisent pas. Car il existe deux type de varroas dans les cellules operculées : certains se reproduisent, d’autres pas. Les colonies SMR désoperculent les cellules et en éliminent la nymphes lorsqu’elle est infestée par une femelle varroa et sa progéniture (un mâle et plusieurs femelles). La « mère » survit, mais pas ses petits qui meurent de faim dans la cellule (de profundis …). En revanche une cellule qui n’abrite qu‘un varroa sans descendance ne sera pas nettoyée.
La première idée à retenir et qui va à l’encontre de nos idées reçues, concerne l’aspect du couvain. Aujourd’hui, nous privilégions tous des reines et des colonies dont le couvain est compact et sans « trous ». Il va falloir réviser notre pratique, car une colonie tolérante aura un couvain plein de trous et que nous qualifions aujourd’hui de « laid ». En effet l’élimination des nymphes dans les cellules atteintes laisse des traces. C’est peut-être même l’indice, d’une colonie qui a un comportement VSH/SMR. Avant d’éliminer la reine il est utile de faire un travail de vérification, car vous êtes peut-être, en face d’une reine dont la qualité est rare et recherchée.
Comment faire pour en être sûr ?
1- Repérez à l’aide de punaises placées sur les bords d’un cadre une zone de 10cm² environ contenant des larves naissantes.
2- 14 jours plus tard découpez ce carré de couvain. Soit vous avez le temps et vous pouvez commencer à observer immédiatement, soit vous congelez ce carré de couvain pour vos longues soirées d’hiver.
3- Pour observer, munissez vous d’une loupe ou une loupe binoculaire avec une lumière orientable précisément et d’une pince d’horloger.
4- Avec la pince d’horloger, désoperculez une cellule, extrayez la larve et vérifiez la présence de varroa sur la larve et dans la cellule (c’est là que la loupe et la lumière sont les auxiliaires précieux de votre vue perçante).
Trois cas sont possibles :
pas de varroa
présence d’un seul varroa (non reproductif)
présence d’un varroa et de sa descendance (reproductif)
5- lorsque vous avez observé 30 cellules infestées par varroa, faites le calcul suivant :
Taux VSH/SMR = 100 x NR / (NR + R)
NR = le nombre de cellules avec varroa non reproductif
R = le nombre de cellules avec varroa reproductif
Si le taux VSH/SMR est supérieur à 50%, faites une deuxième série d’observations pour vérifier la première. Si le taux se confirme alors vous pouvez commencer à « chouchouter » votre colonie et sa reine pour lancer un programme de sélection à partir de cette perle rare.
Contactez Hubert Guerriat, même s’il ne s’agit pas d’abeilles noires pures élevées à la bière de Chimay, il sera intéressé. «Au pire» s’il s’agit de Buckfast il a prévu une bombe de peinture noire !!!
Quelques conseils pour diminuer le travail:
La séquence ci-dessus est à effectuer au moment où il y a le plus de varroas juste avant le traitement d’été. Il y aura moins de cellules à désoperculer.
Observez 20% de vos colonies, les meilleures de votre rucher.
Pourquoi faire tout cela ?
Le graphe montre le nombre de varroas comptés après 115 jours dans 57 colonies divisées en trois groupes tests :
- à gauche 11 colonies dont la reine était VSH/SMR et avait été fécondée par du sperme de mâle VSH/SMR.
- au centre 23 colonies dont la reine seule était VSH/SMR.
- à droite 23 colonies dont ni la reine ni les mâles n’étaient VSH/SMR.
Au début de l’expérience, chaque colonie pesait 0,9kg et avait environ une population de 650 varroas.


Si nous avions la chance de découvrir une souche d’abeille VSH/SMR, nous aurions le plaisir d’éviter l’utilisation des traitements dont l’efficacité est somme toute très relative. De plus nous aurions contribué à rétablir la nature dans son état premier. Car ne l’oublions pas, si apis mellifera est aujourd’hui infestée par varroa c’est de notre fait à nous, les Hommes.

PE.