Nous (Isabeille et Jean-Miel) utilisons depuis mi-mai 2020 les balances connectées CBK (connected beekeeping) de Jérôme Alphonse.
Vous suivez nos colonies au cours des 4 saisons.
Place au troisième épisode, l’été.
Quelques rappels préalables :
Chaque balance enregistre le poids de 4 pesons sur lesquels 4 ruches sont posées.
Chaque balance est reliée à un émetteur qui envoie toutes les heures un message à un relais qui peut transmettre les données envoyées par maximum 6 balances soit 24 pesons (24 ruches).
L’évolution du poids au cours du temps donne des informations sur la colonie en termes de
Vie,
Santé,
Ressources,
Sortie ou de rentrée d’abeilles dans la ruche.
A chaque saison, des variations de poids subites et ponctuelles sont possibles et indépendantes des réserves de miel et des rentrées de nectar-pollen.
Ainsi en été, les ruches peuvent prendre du poids subitement selon les conditions climatiques. En effet, une période de pluie entrainera un gonflement du bois et la présence des butineuses dans la ruche.
Il est facile de comprendre que l’interprétation de l’évolution du poids des colonies doit se faire en tenant compte de ces paramètres et que l’observation de l’évolution hebdomadaire, mensuelle voire trimestrielle lissera l’impact des conditions météorologiques sur le poids des ruches.
Tout cela étant précisé. Intéressons-nous à l’évolution du poids des ruches entre le 01 juin 2022 et le 31 août 2022. Nous nous étions quittés sur un beau printemps dont les principales caractéristiques sont rappelées par les graphiques 1 et 2.
La première quinzaine d’avril caractérisée par un bref retour de l’hiver s’est traduite par une baisse du poids des colonies avant un redémarrage avec les conditions globalement clémentes de mi-avril jusqu’au dimanche 22 mai.
La dernière semaine de mai caractérisée par des pluies et un temps plus frais s’est naturellement traduite par une perte de poids des colonies. Sans surprise ce sont les plus dynamiques dans la collecte dont la chute de poids est plus marquée durant les périodes de pluies.
La période du 01 juin au 31 août 2022 fut caractérisée en région bruxelloise par le trou de miellée du début juin combiné à un début de mois plus frais et plus humide. La suite fut plus clémente fin juin puis deux derniers mois chauds et particulièrement secs. Ceci n’est pas sans conséquence sur les sources de nectar et la vie des colonies.
En effet, le graphique 1 allant du 01 mars au 31 août 2022 montre effectivement une perte moyenne de 5 kg entre mi-mai et mi-juin avant une récupération de la perte vers le 25 juin sans véritable miellée d’été. Cette absence de miellée d’été s’est observée dans les autres provinces de la région wallonne à l’exception notable de la province du Luxembourg et dans une moindre mesure dans celle la province de Namur (graphique 2).
Il est remarquable d’observer entre le 1er juillet et le 31 aout une perte moyenne de 7.5 kg dont 5 en juillet et 2.5 en août.
Ce phénomène est similaire aux observations faites en 2020 et 2021.
Les raisons pour cette année en sont très probablement la chaleur et la sécheresse qui nécessitent une importante consommation de carburant pour climatiser l’intérieur des ruches à un moment où le couvain est abondant principalement fin juin début juillet.
Ensuite, comme de nombreux apiculteurs ont pu l’observer en août, les colonies ont modulé leur besoin métabolique en réduisant à 3 ou 4 leur nombre de cadres de couvain.
Juillet et août sont deux mois importants où le manque de ressources combiné aux influences météorologiques influencent la vie des colonies qui doivent se préparer à l’hiver.
Graphique 1
Dans le graphique 2, on distingue très nettement la différence en termes de miellée entre la région bruxelloise (en vert) et la province de Luxembourg (en bleu) dans laquelle une magnifique deuxième miellée est observée entre mi-juin et début juillet avec une rentrée moyenne de 25 kg de nectar.
Autre fait notable, la stabilité du poids moyen des colonies jusque mi-juillet en province de Luxembourg. La consommation (perte de poids) sur 1 mois et demi (mi-juillet à fin août) est de 5 kg mais avec une pente similaire à celle observée en région bruxelloise.
La province de Luxembourg est avec la province de Namur dans une moindre mesure l’exception pour les régions wallonnes et bruxelloise.
Graphique 2
Le graphique 3 illustre l’évolution du poids des 4 ruches connectées du rucher école aux Fraternités du bon pasteur à Woluwe-Saint-Pierre. En vert la médiane en région bruxelloise et dans les autres couleurs les 4 ruches du rucher école.
Il est notable de relever l’évolution pondérale de la ruche P2 en mauve (ligne du dessous) dont le bilan global est de 0 à l’opposé des 19 kg nets de la P4 (ligne du dessus). Ceci pose la question de la robustesse, de la santé des colonies et de leur capacité à assurer leur survie sans l’intervention de l’apiculteur.
Graphique 3
Ces observations illustrent les différences majeures existant entre les différentes régions de notre pays en termes de miellées mais aussi en termes individuels entre les colonies d’une même région avec des questions à se poser en termes de sélection et de soins à prodiguer.
Enfin, juillet et août sont caractérisés par une baisse de ressources alimentaires pour les colonies dont le couvain est à son apogée fin juin. Il n’est donc pas étonnant de voir une perte de poids de 5 kg en juillet se réduisant à 2.5 kg en août en région bruxelloise, conséquence de la réduction de l’élevage dans les colonies (3-4 cadres de couvain).
Jean-Miel