Place au deuxième épisode, le printemps, mars, avril et mai

La dynamique des colonies en mars est encore plus importante qu’en février, il est intéressant d’observer la stabilité du poids moyen des colonies en mars 2022 à mettre en relation avec les conditions météorologiques clémentes de ce premier mois du printemps.

La première quinzaine d’avril caractérisée par un temps plus froid et un bref retour de l’hiver s’est traduite par une baisse du poids des colonies avant un redémarrage de la prise de poids avec les conditions globalement clémentes de mi-avril jusqu’au dimanche 22 mai.   
La dernière semaine de mai caractérisée par des pluies et un temps plus frais s’est naturellement traduite par une perte de poids des colonies.  Sans surprise ce sont les plus dynamiques dans la collecte dont la chute de poids est plus marquée durant les périodes de pluies.  

Pour illustrer ce qui vient d’être dit, Le graphique 1 ci-dessous représente l’évolution (gain ou perte de poids) depuis le 01 mars en région bruxelloise pour 10 balances connectées.  



Avec l’outil METEOMIEL de CBK, vous avez, outre la miellée de votre région, la possibilité de comparer l’évolution de vos colonies avec celle-ci.  Le graphique 2 ci-dessous vous permet de voir l’évolution des 4 colonies du rucher école à Woluwe-Saint-Pierre.   En vert, la médiane des rentrées pour la région bruxelloise et les 4 autres couleurs représentent chacune l’évolution d’une colonie.  Vous remarquerez d’importantes disparités entre les colonies.  Il appartiendra aux élèves du rucher école de comprendre avec leur professeur les causes de ces différences.





Dans les graphiques, vous ne voyez ni l’ajout, ni le retrait des hausses, ni les essaimages parce que toute variation de plus de 1 kg en moins d’une heure est annulée.  De la même manière, lors de la préparation à l’hivernage que nous aborderons dans le prochain épisode, vous ne percevrez pas l’apport par le nourrissage dans ce type de graphique.  Il faut dans ce cas consulter le poids brut des balances (ce qu’il est tout à fait possible de faire).  

Il faut mentionner une subtilité lors du premier jour de pluie, une augmentation de la prise de poids pour deux raisons essentielles :
Les butineuses sont restées à la maison.
Le bois des ruches s’imbibe d’eau.  

Quelques points importants dans l’utilisation des balances dans le suivi de nos colonies :

Le système d’alerte par SMS de variation subite de poids nous a permis d’être informés des essaimages et de récupérer début mai 8 essaims en 4 jours.  La surprise a été de se rendre compte qu’une même alerte pouvait donner lieu à 2 ou 3 essaims quittant la ruche au même moment et retrouvés à proximité l’un de l’autre sur le même arbre fruitier.  Remis en ruchette tous en ponte après une semaine.  Et le lendemain, parfois un dernier essaim issu de la même ruche. Il va sans dire que la dynamique de la colonie s’en trouve affectée en termes de collecte de nectar pendant 3-4 semaines selon l’importance des exodes.  

Il est bien évidemment intéressant de constater sans surprise qu’un essaim primaire avec la reine d’origine est souvent plus important mais aussi que 4 semaines après l’essaimage, il est à même de collecter suffisamment pour remplir une hausse de miel est une semaine à raison d’une rentrée journalière de 60% des rentrées moyennes du rucher.
Enfin, il arrive de constater qu’une colonie ou l’autre ne démarre pas comme les autres au début du printemps. Une visite plus précoce s’impose et là 3 cas de figure dominent :

La reine mal fécondée l’année précédente est bien là mais ne pond plus que des males.  Nous avons supprimé la reine et introduit une nouvelle reine en mettant un corps de Mini+ au-dessus du corps de ruche.  Au plus tôt est le mieux pour avoir encore suffisamment d’ouvrières pour s’occuper du nouveau couvain.  La colonie avec sa nouvelle reine a un gros mois de retard sur ses voisines si tout se passe bien.

Il n’y a plus de reine ni de ponte ou la ruche est déjà bourdonneuse.  Si la ruche n’est pas bourdonneuse, nous introduisons une nouvelle reine de la même manière (pas eu le cas cette année).

La reine est là, il y a du couvain mais operculé de manière inhomogène. Cela traine.  Le couvain ne semble pas en santé optimale.  Dans ce cas, nous n’hésitons pas.  Nous enlevons la totalité des cadres (déjà dès mi-mars) que nous brûlons.  Nous mettons la colonie sur 7 cires gaufrées.  Pendant les 3 premières semaines , nous allons donner 6 à 8 litres d’Happyflor enrichi d’huiles essentielles de romarin, thym, eucalyptus et laurier noble et ajoutons également 1 kg de candibee gold (pâte enrichie en pollen).  C’est l’occasion de réaliser un traitement à l’acide oxalique contre le varroa.   Au bout de 3 semaines, nous devons rajouter un ou deux cadres à construire et la colonie est sur 6 à 7 cadres d’un couvain parfaitement homogène et parfaitement operculé.  D’une colonie faible, nous obtenons une colonie forte dont les descendantes sont de très bonne qualité (années antérieures).  Les raisons de l’amélioration de la descendance est très certainement d’ordre épigénétique.  

Pour terminer, il n’est pas étonnant selon les régions et les espèces disponibles d’observer des décalages dans les temps et l’ampleur des rentrées de nectar.

Lors du prochain épisode qui couvrira la période entre début juin et fin août, nous pourrons observer
La miellée d’été
Les derniers essaims
Les ressources présentes en juillet et en août et les conséquences sur l’évolution du poids des colonies
Le début de la préparation à l’hivernage avec
Le traitement contre le varroa
L’optimisation du poids des colonies pour le développement des abeilles d’hiver

Au plaisir de vous retrouver au prochain numéro.    

Jean-Miel