Dans l’article de mars, j’ai résumé les connaissances de base concernant le frelon asiatique. Celui-ci de juin explique comment trouver un nid. Car c’est selon moi, la meilleure façon pour limiter la prolifération de cette espèce invasive ou arrêter la prédation sur des ruches attaquées.
L’idée de base consiste à utiliser les frelons asiatiques qui récoltent des glucides (nectar, jus sucré, …) pour estimer la distance entre un lien de butinage et le nid et obtenir une indication de la direction dans laquelle il se trouve. Tout ce qui suit est exposé en image à partir de la 22ème minute de la conférence sur YouTube dont voici le lien: https://youtu.be/-C-JPx1CcBQ
Le matériel nécessaire :
Voici la liste du matériel à rassembler : un filet à papillon, de la grenadine, du vin blanc, de la bière, 2 ou 3 marqueurs POSCA de couleurs différentes, un « one hand queen catcher » (cage de marquage de reine à une main), des pots vides, quelques rondelles de bouchon ou tout autre petit élément qui flotte, un GSM avec chronomètre et une boussole, du papier, un crayon et une bouteille avec son bouchon.
Préparer l’appât :
Verser dans la bouteille, un tiers de sirop de grenadine pur, un tiers de vin blanc et un tiers de bière. Dans le pot verser un peu du mélange et placer à sa surface quelques rondelles de bouchon qui serviront de piste d’atterrissage au frelon. (On veut éviter qu’il se noie. Car une fois mort il ne nous aide plus à trouver son nid). Placer le pot à proximité de l’endroit où des frelons asiatiques ont été repérés ou dans les environs d’un nid détruit l’année précédente.
Observer et mesurer le temps de vol.
Lorsqu’on voit un frelon asiatique sur l’appât, il est important de le laisser faire sans le déranger afin qu’il établisse sa « routine » de butinage pendant plusieurs aller-retours. Ceci prend à peine quelques heures. Une fois que le frelon asiatique est « apprivoisé » sur l’appât, on l’attrape avec le filet à papillons et on le place en douceur dans le compartiment de marquage du « one hand queen catcher », puis on le marque d’un point de couleur avec un marqueur POSCA. Cette opération est sans danger, le frelon asiatique est effrayé et ne pense qu’à s’enfuir. Il n’attaquera pas. Cependant, il est important d’éviter que les doigts soient proches du frelon lorsqu’on le place dans le « one hand queen catcher ». Car on peut se faire piquer à travers le filet en coinçant le frelon. C’est la même chose avec les abeilles quand elles sont coincées dans un pli de notre vareuse.
Une fois marqué, on libère « la bête » et on attend qu’elle revienne sur l’appât. En général elle y revient assez vite dans le quart d’heure qui suit sa libération. Le chronométrage commence dès le décollage et s’arrête à l’atterrissage au retour. On note le temps et on recommence le chronométrage une petite dizaine de fois. Il est important de faire plusieurs chronométrages, car le temps d’un aller-retour varie selon le temps passé au nid à régurgiter le liquide sucré.
Au final, c’est le temps chronométré minimum qui sera retenu. Sur base d’une vitesse de vol moyenne de 200m/minute, on obtient une distance aller-retour qu’il faut diviser par deux pour obtenir la distance estimée entre l’appât et le nid.
A chaque décollage on observera aussi la direction de vol à l’aide de la boussole et on la notera.
Progresser en direction du nid :
Avec ces premières observations on place un nouvel appât plus proche du nid dans l’axe de vol observé. L’idéal serait de trouver un endroit où on voit déjà des frelons asiatiques en butinage, sur une plante en fleur par exemple. A défaut de plantes butinées, on peut aussi choisir un endroit découvert ou le jardin d’une connaissance pour y déposer des peaux de fruits (bananes, kiwi, …) ou des fruits abîmé afin d’y attirer des frelons butineurs.
Dès que l’on voit des frelons sur l’appât au nouvel emplacement, on recommence à marquer, mesurer des temps et observer la direction de vol.
On répète cette méthode en direction du nid en progressant par bonds successifs.
Trouver le nid :
Lorsque le temps de vol est égal ou inférieur à 2 minutes, le nid est très proche, on touche au but ! Il est alors nécessaire de prendre une mesure précise de l’axe de vol et de commencer à regarder attentivement et de près dans cette direction : les grands arbres, les corniches de toits, … On peut aussi suivre des yeux des frelons au décollage et avancer progressivement par observation directe des frelons en vol. Par temps clair ce sont de gros points noirs faciles à suivre des yeux sur 20-30 mètres.
Les nids primaires sont situés entre 2 et 5m de hauteurs dans des abris de jardin, sous un avant toit, … Les nids secondaires sont majoritairement (70% des cas) situés en haut de très grands arbres cachés, par le feuillage. Cependant certains nids sont sous des corniches de toits ou dans des haies touffues. Si un individu seul en activité de butinage est inoffensif voire craintif en cas de capture, la proximité d’un nid est une zone dangereuse. Car une présence à moins de 10m déclenche une réaction de défense qui mobilise tous les individus présents (un gros nid peut contenir 1000 à 2000 individus). Les frelons deviennent agressifs et attaquent. Lorsqu’on recherche visuellement un nid, il est donc recommandé avant d’avancer, d’être prudent en observant attentivement les haies et tout l’environnement dans un rayon de 10m pour éviter de se faire attaquer en ayant approché, sans s’en être aperçu, un nid de trop près.
Une fois que vous aurez localisé le nid, prévenez les pompiers qui se chargeront gratuitement de la neutralisation. Précisez qu’il s’agit d’un nid de frelons asiatiques.
Site observations.be
Si vous observez des frelons asiatiques, il est important d’en prendre une photo et de signaler votre observation sur le site observations.be. De même à titre préventif, vous avez intérêt à vous connecter régulièrement sur ce site pour voir où des frelons asiatiques ont été observés. Qui sait, c’est peut-être à proximité de votre rucher ? Ceci doit vous alerter. Il est alors grand temps d’équiper vos ruches avec des muselières et d’entamer la recherche du nid avant que les frelons viennent devant vos colonies.
Il n’est de pire sourd que celui qui ne veut entendre ni de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Si on ne voit pas de frelons asiatiques, en déduire que le frelon asiatiques est absent est une grossière erreur d’appréciation de la situation. Le frelon asiatique est comme varroa, discret, sous nos yeux. Lorsqu’enfin on le voit, il est bien souvent trop tard ! Adoptez une démarche proactive de recherche le plus tôt possible en saison pour débusquer les nids avant qu’ils : attaquent nos ruches et produisent un nombre important (entre 500 et 1000) de fondatrices pour l‘année suivante…
Combien un apiculteur averti en vaut-il?
Bonne chasse aux frelons asiatiques et bonne saison apicole.
Louis.