Providence pour nos abeilles en fin de saison, ses fleurs jaunâtres en ombelles sont les dernières sources de pollen et nectar à cette époque de l’année (mi septembre à novembre). Le miel de lierre, peu parfumé et légèrement amer, est foncé et cristallise vite. Habituellement les apiculteurs le laissent aux colonies comme provisions d’hiver, d’autant qu’il se fige très vite dans les rayons.
Liane arborescente, Hedera helix, peut atteindre 30 m au sol ou 25 m en grimpant sur un support. Le tronc, à la base, peut arriver à 35 cm de diamètre. On le trouve dans toute l’Europe et en Asie mineure ; il a été exporté en Amérique et en Australie, mais là, il devient invasif, dit-on. Il peut vivre 400 ans, et il survit bien souvent à son arbre tuteur, d’où la croyance qu’il l’a étouffé. Les feuilles du Lierre à sa base ou au sol sont palmées à 3 ou 5 lobes, et elles sont entières et ovales en hauteur et sur les rameaux florifères. Elles tombent après 4 ou 5 ans et forment un humus riche qui profite aux arbres hôtes. Les horticulteurs ont créé des variétés au feuillage panaché. Souvent rampant il forme un couvre-sol décoratif, même en sous-bois, et protège le sol de l’érosion et de la sécheresse. Il ne fleurit que sous sa forme grimpante.
Le Lierre offre un abri à toute une faune, depuis la pédofaune (du sol), les araignées et insectes, en hiver notamment les coccinelles et certains papillons, jusqu’aux oiseaux et petits mammifères. Merles, troglodytes, rouges-gorges y cachent leurs nids ; lérots, muscardins et même l’écureuil ou la chouette hulotte s’y réfugient. S’il fleurit tard dans la saison, la fructification, aussi, est décalée : ses baies noires, de 8 à 10 mm, en grappes, arrivent à maturité en fin d’hiver, au début du printemps ; c’est une aubaine pour les grives, les merles, les pinsons et autres tourterelles. Des oiseaux migrateurs de retour s’y refont une santé.
Contrairement à une idée bien ancrée le Lierre ne tue pas l’arbre, il le protège. Il se fixe à son support par des petits crochets et non par des radicelles ; ce n’est donc pas une plante parasite. Il ne puise sa nourriture que par ses racines souterraines. Rien à voir avec les Ficus étrangleurs des tropiques ! Il s’agit d’une association : l’un offre le support, l’autre protège l’écorce des intempéries, du gel, de la sècheresse, du soleil cuisant. C’est une véritable symbiose entre eux. C’est aussi un symbole de la biodiversité. On a recensé près de 700 organismes vivants différents (animaux, végétaux, mousses, champignons) dans une association chêne-lierre alors que chez un conifère exotique on n’en trouve que 10 à 20. Au moment de la floraison qui s’étale sur plusieurs semaines, outres les abeilles domestiques, s’y précipitent abeilles solitaires, papillons, mouches, syrphes ou bourdons.
Dans les jardins on peut conduire le Lierre sur un grillage à larges mailles (les hérissons peuvent-ils passer ?) de façon à constituer une haie de 20 cm d’épaisseur. Sur les murs les crampons du Lierre n’abîment pas une maçonnerie sèche. Au contraire il forme un bon isolant. Il faut néanmoins ne pas le laisser courir sur les châssis ou le toit. Enfin, le Lierre résiste bien à la pollution urbaine et cache avantageusement les vilains murs des zones industrielles. Il résistera bien, sans doute, aux changements climatiques.
En Égypte ancienne, le Lierre symbolisait la vie éternelle. Les Romains l’associaient à Bacchus. An Moyen-âge il signifiait fidélité jusqu’à la mort !
C. Vin
Bibliographie : Le traité Rustica de l’apiculture
L’Homme et l’Oiseau (LRBPO 2ème trim 2013)
Office National des Forêts de France (ONF)
Atlas d’Histoire Naturelles-végétaux – J. Grœnland