Apiculteur en Hesbaye (province de Liège), depuis l’an 2.000, je travaille avec des ruches Langstroth (divisibles) 10 cadres et je conduis mes colonies à l’aide du plateau diviseur Snelgrove.
Ma technique est basée sur la méthode Snelgrove tirée du livre
«Conduite de la ruche Langstroh» de Snelgrove. Celle-ci m’a permis de ne plus subir les essaimages (guère appréciés de mes voisins).
Voici donc ma façon de procéder :
C’est au mois d’avril que tout commence. A ce moment-là mes colonies sont sur un seul corps avec une hausse sur grille à reine.
Lors des visites hebdomadaires, je surveille (en particulier) les avant-derniers cadres de rives (2 et 9). Quand ceux-ci sont emblavés de couvain fermé pour la seconde fois depuis le début de la reprise de la ponte par la reine (en janvier), j’interviens. A ce moment cela signifie que la colonie est au bord de la fièvre d’essaimage. Si rien n’est fait, la semaine suivante, l’essaim sera parti.
1ere opération :
A réaliser le jour du constat des cadres 2 et 9 avec couvain fermé. Je dispose sous le corps de ruche un corps garni de 4 cires bâties (au centre) et 6 cires gaufrées. Corps préparé à l’avance bien entendu.
2ème opération :
A réaliser 1 semaine après la 1ère opération. Je retire la hausse et le corps supérieur afin de visiter le corps inférieur.
Deux cas de figure sont possible :
- 1) La reine est présente et les 1ers œufs ont été pondus ou pas.
- 2) La reine est absente et les 1ers œufs ont été pondus ou pas.
Dans le cas 1), c’est magnifique et ce sera très facile. Je pose la grille à reine sur le corps inférieur, j’y repose la hausse, puis par-dessus, le corps supérieur. Dans le corps inférieur la reine dispose de toute la place pour y étendre sa ponte. Dans le corps supérieur, un élevage de reine va débuter.
Dans le cas 2), c’est dommage mais pas perdu, ce sera juste un peu moins facile. Je recherche la reine dans le corps supérieur et je la transfère manuellement (avec une pince ou une pipe) dans le corps inférieur. Je termine la visite en replaçant grille à reine, hausse puis corps supérieur.
3ème opération :
A réaliser 3 jours après la 2ème opération. Je retire le corps supérieur et j’interpose entre celui-ci et la hausse le fameux plateau Snelgrove. Je ferme toutes les ouvertures ce de plateau sauf celle située à l’avant de la ruche. Les butineuses restées dans le corps supérieur vont sortir par l’avant et revenir dans le corps inférieur par le plancher.
Que s’est-il passé durant les 3 jours qui précède la pose du plateau ? La colonie a réparti seule et en toute intelligence sa population de nourrices sur les 2 corps.
Lors de cette 3ème opération on peut en profiter (si la 1ere hausse est presque pleine) pour ajouter la 2ème hausse.
4ème opération :
A réaliser 7 jours après la 3ème opération. Je modifie l’emplacement de l’ouverture (trou de vol) du corps supérieur. Elle sera placée à gauche ou à droite (pas beaucoup d’importance). L’ancienne ouverture sera refermée dans sa partie supérieure et ouverte dans sa partie inférieure. De cette façon les nouvelles butineuses issues du corps supérieur vont sortir latéralement de la ruche et revenir (par habitude) par la face avant, mais plus dans le corps supérieur (car il est fermé) mais dans la hausse, renforçant ainsi l’armée de butineuses du corps inférieur.
5ème opération :
A réaliser 7 jours après la 4ème opération.
Nous sommes au ~17ème jour après la 2ème opération (division proprement dite). Dans le corps supérieur une jeune reine y est née et s’y promène.
Je prépare un nouvel emplacement pour y installer ma nouvelle fille. J’y dépose le corps supérieur sur un plancher. Le plateau Snelgrove est lui, resté sur la hausse de la colonie mère. Je referme l’ouverture de sa face avant et j’ouvre vers la hausse l’ouverture de sa face latérale. De cette façon les nouvelles butineuses issues de ma colonie fille vont sortir de la ruche et revenir (par habitude) par la face latérale de la ruche mère côté hausse, renforçant pour la 3ème fois en butineuses la colonie mère.
6ème opération :
A réaliser 14 jours après la 5ème opération. Je visite la colonie fille pour vérifier si sa reine est bien là et en ponte. En général c’est bien le cas. J’en profite pour marquer la reine et pulvériser la colonie à l’acide oxalique (vu qu’il n’y a pas de couvain fermé).
Et voilà c’est terminé, enfin, pas tout à fait, il me restera à extraire la ou les hausses que toutes ces bienveillantes butineuses m’auront remplies.
Au final : - Je n’ai pas dû courir derrière un essaim (les voisins sont ravis) - Mes 2 hausses sont remplies de miel - Ma colonie mère m’a rebâti 6 nouveaux cadres - Ma colonie mère est peu infestée en varroas vu que ceux-ci sont restés dans le corps supérieur - J’ai une nouvelle colonie avec une reine marquée - L’ancien corps supérieur avec la nouvelle colonie est traité contre varroa.
Certains esprits chagrins me diront, oui mais, les reines ainsi élevées ne sont que des « reines de sauveté ». Ben oui, ils ont raison, et alors, jusqu’à présent toutes les butineuses issues de ces « reines de sauveté » ne m’ont produit rien d’autre que du miel et surtout beaucoup de plaisir. Et n’est-ce pas là pour nous, les hobbyistes, le plus important après tout ?
Jean-Robert Deliège