Le dimanche 2 décembre 2018 de 08:30 à 17:00
Auditoires Sainte-Barbe (BARB 91) Place Sainte-Barbe 1, 1348 Louvain-la-Neuve
Evénement gratuit, inscriptions sur Eventbrite

Au Nord, les pratiques de l’agriculture intensive ont entraîné un fort clivage entre zones cultivées et zones arborées et protégées. Au Sud, d’immenses zones forestières sont transformées en zones agricoles. Le lien entre l’arbre et l’abeille mellifère, insecte forestier, s’est altéré. Au Nord comme au Sud, les abeilles, et les insectes pollinisateurs en général, perdent d’importantes sources d’alimentation et sont en danger.

Benoît Olivier


Lorsqu’on parle d’arbres, on pense forêt, oubliant souvent tous les espaces arborés que sont les parcs, vergers, haies, bords d’autoroutes et de routes etc. Les haies ont disparu afin de permettre l’expansion des grandes monocultures, avec d’immenses espaces ouverts. Tous ces espaces arborés sont utiles pour l’agriculture et la biodiversité. Ils sont aussi des sources de nectar pour l’abeille mellifère. Leur rôle dans l’apiculture n’est pas suffisamment connu ni valorisé, alors qu’il est fondamental.

On peut se demander « si les colonies d’abeilles qui évoluent dans des paysages agroforestiers ne sont pas en meilleure santé et plus productives que celles qui évoluent en contexte de monocultures. » Voici l’une des questions, parmi bien d’autres, posées par Alain Canet, d’Agroforesterie – Arbres et Paysages.

Au Sud, la déforestation se produit à grande échelle et à un rythme accéléré, à tel point qu’elle a un impact négatif non seulement pour les apiculteurs, mais aussi sur les écosystèmes locaux et, au-delà, sur la planète entière. Les grandes forêts des bassins de l’Amazonie et du Congo jouent un rôle important à la fois dans la régulation du climat (alternance des saisons sèches et humides, pluviosité etc.) et dans le réchauffement climatique (captation des émissions de CO2). A tel point que la déforestation au Sud a un impact négatif également pour les populations du Nord. La déforestation en milieu tropical concerne donc non seulement les apiculteurs du Sud, mais aussi, de manière globale, les populations du Nord, apiculteurs et non apiculteurs.

La mise en place d’aires protégées dans les forêts tropicales comprend la création de zones tampons, où sont autorisées des activités économiques compatibles avec la protection de l’environnement. L’apiculture fait partie de ces activités et permet de conscientiser les populations locales aux enjeux environnementaux tout en leur fournissant une alternative en termes de revenus.

Les enjeux sont donc, en quelque sorte, inversés entre le Nord et le Sud : si, au Nord, l’abeille a besoin, pour survivre, de retrouver les espaces arborés d’antan, peut-être qu’au Sud elle peut, modestement, mais efficacement, venir au secours des forêts tropicales ?