L'agence fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire (l'AFSCA) a publié ses recommandations sur les méthodes à suivre pour lutter contre la varroase au cours de cette année apicole 2014.
A. Base d’une approche uniforme en Belgique
1. Général
La base d’une lutte réussie contre l’acarien varroa est une approche uniforme et harmonisée dans toute la Belgique. Les traitements contre la varroase doivent être faits simultanément par tous les apiculteurs. Un départ à temps est essentiel pour une lutte efficace.
Les acariens varroa se dispersent très facilement d’une colonie à l’autre. Par conséquent, dès qu’une colonie est affectée par la varroase, les autres colonies seront très vite infestées aussi. En outre, les acariens se dispersent également facilement vers d’autres ruchers dans les alentours. Ce qui fait que toutes les colonies doivent être traitées au même moment, non seulement dans un même rucher, mais aussi sur l’ensemble du territoire belge.
Le traitement d’été doit être débuté à temps, avant la naissance des abeilles d’hiver. Si le traitement n’est commencé qu’après la naissance des abeilles d’hiver, celles-ci commenceront l’hiver affaiblies et elles pourront moins résister aux maladies, au froid, etc. Le traitement a une priorité absolue sur la récolte de miel, si on souhaite hiverner une colonie saine. Aussi bien le traitement d’été que le traitement d’hiver sont nécessaires afin de contrôler les acariens varroa. Le traitement d’été permet la naissance d’abeilles d’hiver saines et fortes. Le traitement d’hiver permet à la colonie hivernée de commencer la nouvelle saison de façon relativement ‘indemne’ d’acariens. Chacun des deux traitements a son but spécifique et ils ne peuvent pas se remplacer.
Chaque traitement appliqué doit avoir lieu avec un produit autorisé. Au bout de chaque traitement, l’efficacité du traitement doit être évaluée. Si on constate que le traitement manque d’efficacité (chute d’acariens insuffisante), il peut éventuellement s’agir d’une résistance au produit administré.
Actuellement, le nombre de médicaments enregistrés en Belgique pour le traitement de la varroase est très limité. Afin de limiter la résistance aux produits, il faut alterner le plus possible les produits . Il ne s’agit pas tant du produit en lui-même que de la substance active du médicament. Thymovar® et Api Life Var® ont par exemple la même substance active (thymol). Dès lors, si on constate de la résistance à Thymovar®, un traitement avec Api Life Var® n’a pas beaucoup de sens. Signalez chaque suspicion de résistance à votre vétérinaire et éventuellement à votre association apicole. Votre vétérinaire vous guidera de nouveau dans le traitement avec un autre médicament efficace, pour que vos colonies puissent hiverner bien traitées.
2. Méthodes de lutte durant la saison de récolte
Tant que du miel est récolté, il est déconseillé de lutter contre les varroas avec des produits chimiques, vu le risque de résidus dans le miel. Cela ne signifie pas que vous pouvez attendre la fin de la dernière récolte de miel avant de commencer la lutte car le taux d’infestation sera à ce moment-là déjà beaucoup trop élevé. Le niveau d’infestation doit être réduit le plus possible dès le début de la saison apicole.
A cette fin, le couvain de mâles peut être éliminé à partir du moment où apparaissent les premières larves mâles. Dès que le cadre est pondu et operculé, enlevez-le (une fois que les cellules sont operculées – au plus tard après 21 jours) et détruisez-le. Répétez la technique tant que du couvain de mâles est formé.
De plus, la reine peut être isolée de manière à insérer une période sans couvain, durant laquelle on peut traiter les abeilles adultes. Idéalement, ce blocage devrait débuter vers le 21 juin. Il faut en tout cas le commencer le 15 juillet au plus tard.
3. Traitement d’été
Le traitement d’été doit être commencé avant la naissance des abeilles d’hiver. Commencez-le fin juillet au plus tard. Ne retardez pas ce traitement dans l’espoir d’une récolte de miel tardive. Le taux d’infection de varroa et par conséquence la santé de vos abeilles d’hiver et la chance de survie de la colonie entière dépendent beaucoup du fait de commencer à temps ce traitement.
En saison, près de 90% des acariens varroa se trouvent dans le couvain d’une colonie. Les acariens qui se trouvent dans le couvain operculé sont insensibles aux produits qui sont disponibles sur le marché belge. Afin de pouvoir également éliminer ces acariens, le traitement doit être appliqué durant une période assez longue, d’au minimum 6 semaines.
L’efficacité du traitement d’été doit être vérifiée. A cette fin, la chute naturelle d’acariens peut être surveillée. Idéalement, la chute naturelle d’acariens est déjà surveillée avant de commencer le traitement d’été, pour qu’elle puisse être comparée à la chute dans les 2-3 semaines qui suivent le traitement. Contactez votre vétérinaire si vous observez encore une chute naturelle d’acariens élevée (par exemple 1 acarien/jour) dans les 2-3 semaines qui suivent le traitement. Il pourra vérifier s’il s’agit d’une résistance et pourra, s’il l’estime nécessaire, prescrire un autre traitement. Le contrôle de la chute d’acariens est donc un outil essentiel afin de vérifier l’effet du traitement d’été.
Si le traitement d’été n’est pas appliqué correctement ou s’il manque d’efficacité, un nouveau traitement doit être appliqué, éventuellement en utilisant un autre médicament (et une autre substance active), pour que les abeilles d’hiver soient quand-même protégées.
Les traitements à base de thymol (Thymovar®, Api Life Var®) ne semblent pas suffisamment efficaces ces derniers temps. Commencer les traitements à base de thymol avant le 15 juillet. Si après avoir utilisé un produit à base de thymol pour le traitement d’été, on constate son inefficacité, on peut utiliser un médicament à base d’ amitraz (par exemple Apivar®) ou de tau-fluvalinate (par exemple Apistan®) afin d’obtenir un traitement d’été efficace des abeilles.
A l’heure actuelle, aucun médicament à base d’amitraz ou de tau-fluvalinate n’est enregistré en Belgique. Vous pouvez obtenir ces médicaments via votre vétérinaire, en utilisant le système de la cascade (*). C’est le seul moyen pour utiliser ces produits de manière légale.
En plus, on peut de nouveau traiter en septembre et octobre, au moment où l’on constate une nouvelle hausse de la chute naturelle d’acariens.
4. Traitement d’hiver
Le traitement d’hiver permet à une colonie de commencer la nouvelle saison relativement ‘indemne’ de varroas. Il vient en complément et certainement pas en remplacement du traitement d’été. Le traitement d’hiver doit également être commencé à temps, entre le 1er décembre et le 10 janvier. Idéalement, ce traitement est commencé 3 semaines après le premier coup de froid, de manière à ce qu’il n’y ait plus de couvain présent dans la ruche (s’il ya encore du couvain présent dans la ruche, celui-ci peut être enlevé manuellement). La température idéale pour effectuer le traitement est de 4 à 5 °C. S’il fait plus froid, les abeilles se regroupent en grappe serrée, dans laquelle les médicaments pénètrent plus difficilement jusqu’au centre.
Pour le traitement d’hiver, on conseille un produit à base d’acide oxalique, comme par exemple l’Api-Bioxal® ou le BeeVital HiveClean®. Ces médicaments ne sont pas enregistrés en Belgique et doivent par conséquent être fournis via le système de la cascade et l’intervention obligatoire du vétérinaire.
B. Approche avancée
Les apiculteurs qui souhaitent aller encore plus loin peuvent entreprendre les démarches suivantes:
1. Mesurer le degré d’infestation par le varroa avant de commencer le traitement d’été, en utilisant la méthode du sucre
Le nombre d’acariens phorétiques (**) sur quelques centaines d’abeilles est compté, en saupoudrant les abeilles de sucre impalpable (méthode du sucre).
2. Enlever le couvain
Vers le 15 juillet, le couvain entier de toutes les colonies est éliminé. Ensuite, toutes les abeilles adultes sont traitées à l’acide oxalique.
Le couvain éliminé peut éventuellement être utilisé après avoir été traité (afin de commencer une nouvelle colonie ou afin de réintroduire les jeunes abeilles dans la colonie dont le couvain était éliminé au départ).
3. Remplacer les reines des colonies fortement infestées par le varroa
L’efficacité du traitement appliqué doit toujours être vérifiée en suivant la chute d’acariens. S’il semble que, malgré une application correcte du traitement, certaines colonies sont affectées beaucoup plus sévèrement que d’autres, la reine de la colonie gravement infestée peut être remplacée. De cette façon, on maintiendra des colonies qui sont, d’un point de vue génétique, plus tolérantes aux acariens varroa. Cette sélection pourrait être une des solutions à long terme à la problématique de la varroase.
Cet avis a été élaboré en collaboration avec KonVIB, FAB, CARI, Informatiecentrum voor de bijenteelt, Faculté Gembloux Agro-Bio Tech, CERVA, AFMPS, Service Public Fédéral (DG4 – Animaux, Végétaux & Alimentation) et AFSCA.
Notes de la rédaction:
(*) le système de la cascade offre au vétérinaire la possibilité de s‘écarter de l’utilisation stricte des médicaments enregistrés en Belgique. Il peut ainsi prescrire un médicament qui est autorisé dans un autre état membre de l’Union européenne.
(**) La phase phorétique de la vie d’un varroa est celle durant laquelle il se déplace sur les abeilles adultes. Pendant la phase de reproduction il est à l'abri dans les cellules de couvain