Depuis quelques années, les loques semblent plus fréquentes dans notre pays. Comme l’état sanitaire général de nos colonies est loin d’être optimal, il convient d’être très attentif à ces pathologies que les apiculteurs ne connaissent souvent que de manière très théorique, mais auxquelles ils risquent d’être confrontés tôt ou tard.

Les loques sont des maladies du couvain. En simplifiant, la loque américaine concerne le couvain operculé, tandis que la loque européenne s’en prend au couvain ouvert. Alors qu’en Wallonie les cas de loques étaient assez exceptionnels jusqu’il y a peu, de nombreux foyers ont été déclarés en 2014 et 2015. Pour la Belgique, le site internet de l’AFSCA recense une trentaine de foyers de loque américaine en 2014 et une quinzaine de foyers en 2015. Trois foyers seulement de loque européenne ont été recensés en 2014.

Ces données sont certainement sous-estimées.

  • D’une part, certains apiculteurs traitent seuls leurs colonies ;
  • D’autre part, certains cas de loque ne sont pas identifiés comme tels et le mauvais développement des colonies est attribué à d’autres causes.
  • Certains avancent que l’augmentation de l’incidence des loques n’est qu’apparente et due simplement au fait qu’on recherche plus ces maladies qu’auparavant.

Notre sentiment est certainement plus nuancé. Plusieurs autres facteurs sont susceptibles d’expliquer cette recrudescence des loques.
- Le premier facteur est à rechercher dans l’état sanitaire général de nos colonies. Le traitement de la varroase est rendu difficile par la diminution de l’efficacité des produits et par la douceur de certains hivers. L’effet de varroa et des virus associés sur l’immunité des abeilles - et donc sur la résistance aux maladies - est donc plus important qu’auparavant.
- Les pesticides exercent aussi un effet dépressif sur l’immunité de l’abeille, notamment lorsqu’ils agissent en interaction avec les acaricides utilisés par l’apiculteur.
- La mortalité accrue des colonies ces dernières années entraîne un renouvellement accéléré du cheptel et par voie de conséquence le développement du commerce international et donc des déplacements de colonies qui sont des facteurs de diffusion des maladies.
- Enfin, l’utilisation de races allochtones, non adaptées à l’environnement, les croisements et la banalisation génétique des populations d’abeilles qui s’ensuit sont également responsables d’une perte de caractères adaptatifs. Ceux-ci sont d’une grande utilité pour aider les abeilles à résister aux maladies.

La saison apicole a redémarré après un hiver à nouveau inhabituel, trop chaud, et avec une activité prolongée des abeilles. Ce ne sont pas des conditions d’hivernage idéales et ce facteur viendra s’ajouter à ceux que nous avons déjà évoqués.
Dans ce contexte, il est important que chacun soit attentif à l’état sanitaire de ses colonies. Il est important de porter une attention particulière à la qualité du couvain et d’en détecter les anomalies au plus vite. Celles-ci peuvent apparaître et disparaître rapidement par exemple en fonction de la miellée. L’important est d’avoir l’œil et de suivre les colonies potentiellement problématiques de manière à ne pas passer à côté d’une maladie grave.

En cas de maladie ou de suspicion de maladie légalement contagieuse, l’apiculteur doit en faire la déclaration auprès des services sanitaires (AFSCA en Belgique, DDPP en France). Ces services donnent les directives nécessaires à l’apiculteur.


Hubert Guerriat



Les photos suivantes illustrent une série d’anomalies du couvain qui doivent attirer votre attention.  


On observe :


- du couvain operculé avec les opercules qui suintent (1),
- des larves dans le couvain ouvert qui ont changé de couleur, pris une forme et une position anormales, et qui commencent à se dessécher (2),

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- une larve complètement sèche et foncée (3) formant une écaille contre la paroi de l’alvéole (typique de la loque européenne),

- du couvain operculé avec les opercules percés (par ex. loque américaine) et dont la couleur s’est modifiée (4),

- un opercule qui a changé de couleur et a gonflé par rapport aux cellules voisines (5),
- un opercule affaissé (6).