La qualité du couvain est un facteur important de développement de la colonie. Or ces dernières années, les apiculteurs rencontrent de plus en plus de problèmes liés à un couvain de qualité insuffisante. Dans le cadre d’un couvain sain, la reine pond en partant du centre et en progressant en spirale de façon excentrique, . Sur un cadre de couvain ouvert, on trouvera donc au centre les larves les plus âgées et en périphérie les larves jeunes ou les œufs. De même, l’operculation et la naissance des ouvrières se feront du centre vers la périphérie. Il est normal qu’il y ait des cellules vides dans un cadre de couvain. Cela permet aux abeilles de chauffer le couvain. Ce nombre ne doit cependant pas dépasser 10% des cellules. Lorsqu’on n’observe pas ce schéma « normal », avec des larves contiguës à des stades de développement différents ou des cadres dits en « mosaïque », à savoir que le couvain operculé est lacunaire, contenant de nombreuses alvéoles non-operculées, il faut absolument en déterminer la cause. 

Quelles en sont les causes les plus fréquentes ?

  1. La qualité des cires gaufrées utilisées. Depuis 2 ans, le marché européen de la cire gaufrée est confronté à des problèmes d’adultération à la stéarine. Celle-ci est toxique pour les larves et génère une forte mortalité larvaire, ce qui engendre un couvain en mosaïque avec plus ou moins de trous selon le taux de stéarine dans la cire. Si l’on observe ce phénomène uniquement sur les nouvelles cires gaufrées et pas sur les anciens cadres, les apiculteurs peuvent porter plainte au SPF économie. Afin d’éviter cela, de plus en plus d’apiculteurs gaufrent eux-mêmes leurs cires, seuls ou au sein de leur section apicole.

  2. Plusieurs agents pathogènes peuvent mener à un couvain en mosaïque. Certains sont responsables de maladies à déclaration obligatoire, il est donc capital d’être capable de les identifier.
    La loque européenne est une maladie à déclaration obligatoire. La bactérie responsable tue les larves avant l’operculation. Les larves malades jaunissent, se déroulent et s’allongent au fond des alvéoles, se liquéfient puis sèchent et forment des écailles friables non-adhérentes au fond des cellules. Depuis quelques années, on observe des formes moins typiques et moins faciles à déceler avec notamment des larves qui meurent très jeunes et sont parfois difficilement observables à l’œil nu. Il convient donc d’être vigilant. Les colonies faibles doivent être détruites tandis que les colonies fortes peuvent subir un transvasement sanitaire. Les cadres sont brûlés et la ruche et le matériel désinfectés.
    La loque américaine est également une maladie bactérienne à déclaration obligatoire. Les larves meurent après l’operculation et les opercules du couvain sont sombres, déprimées et ponctuées de petits orifices. Le test de l’allumette permet d’identifier à coup sûr cette maladie.
    Les deux loques sont très contagieuses et il convient d’être vigilant et de visiter tout son cheptel en désinfectant son matériel d’une visite à l’autre. En cas de loque, il faut agir rapidement pour assainir le cheptel.
    Le couvain plâtré (ascosphérose).
    Cette maladie est plus fréquente les années humides et dans des emplacements humides. L’apiculteur observe du couvain momifié (blanc/gris) au fond des cellules ou expulsé par les abeilles. En général la colonie guérit d’elle-même. Si cette maladie est récurrente, il convient d’envisager de changer l’emplacement du rucher ou de changer la génétique de la reine.
    Le Sacbrood Virus. Cette maladie virale, rare, est une des rares maladies virales qui n’affecte que le couvain : les larves sont liquéfiées et forment dans les alvéoles un sac rempli de liquide. La colonie guérit en général d’elle-même.

  3. Un problème lié à la reine. Soit une fécondation défaillante (mauvais temps, reine malformée, etc.) ou alors en cas de consanguinité excessive (inséminations artificielles). Cela est cependant rare et les abeilles remplacent généralement la reine dans ces cas-là.

Comme vous pouvez le constater, de nombreuses causes sont possibles pour expliquer un couvain pathologique et il n’est pas toujours aisé de la déterminer.
N’hésitez pas à me contacter (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., vétérinaire) si vous avez un doute ou pour plus de renseignements.

Martin Dermine