Retrouvé avec amusement cette page de Maurice Maeterlinck dans une édition de 1928 de La vie des termites.  
« Dans la ruche, nous le savons, la femelle règne seule : c’est le matriarcat absolu. À une époque préhistorique, soit par révolution, soit par évolution, les mâles ont été relégués à l’arrière-plan et quelques centaines d’entre eux sont simplement tolérés durant un certain temps comme un mal onéreux mais inévitable. Sortis d’un œuf semblable à ceux dont naissent les ouvrières, mais non fécondé, ils forment une caste de princes fainéants, goulus, turbulents, jouisseurs, sensuels, encombrants, imbéciles et manifestement méprisés. Ils ont l’œil magnifique mais le cerveau très étroit et sont dépourvus de toute arme, ne possédant pas l’aiguillon de la travailleuse qui au fond n’est que l’oviducte qu’une virginité immémoriale a transformé en stylet empoisonné. Après les vols nuptiaux, leur mission accomplie, ils sont massacrés sans gloire, car les vierges prudentes et impitoyables ne daignent pas tirer contre une telle engeance le poignard précieux et fragile réservé aux grands ennemis. Elles se contentent de leur arracher une aile et les jettent à la porte de la ruche où ils meurent de froid et de faim. »  (Maurice Maeterlinck)
Maurice Maeterlinck, auteur belge né à Gand en 1868 et mort à Nice en 1949 a écrit de nombreux ouvrages tant pour le théâtre que pour l’opéra. Il signa plusieurs essais « natures » dont La vie des abeilles (1901), L’intelligence des fleurs (1910), La vie des termites (1926) ou encore La vie des fourmis. Quelle belle écriture !

Claude Vin