Voici une petite anecdote que je désire partager car je la juge très utile…
Après un écrémage réussi au printemps, suivi plus tard par un beau début de ponte, je m’étais décidé à marquer ma nouvelle reine d’un joli point vert.

Equipé de la cage de marquage « One hand » et d’un marqueur « POSCA », j’eus la chance de trouver rapidement la reine sur le second cadre.
Je n’en étais pas à ma première expérience de marquage avec ce matériel et, comme à chaque fois,  ce fut dans le calme et la douceur que j’apposai le point à la couleur de l’année.
Au moment de relâcher le piston et de déposer la cage pour quelques instants sur la ruche avant la réintroduction, quelle ne fut pas ma déception de voir la reine inerte, sans vie…
J’étais pourtant persuadé d’avoir eu toute la délicatesse requise.
Je tentais alors de souffler légèrement sur son corps mais en vain car rien n’y fit, elle ne bougeait plus…

Déjà je calculais le temps qu’il faudrait pour que la colonie fasse une nouvelle reine, qu’elle soit fécondée et puis seulement qu’elle se mette à pondre, j’étais déçu pour mes abeilles et je culpabilisais un peu, même si je ne voyais pas où j’avais pu commettre une erreur. Probablement la faute à pas de chance, me dis-je.
J’ignore pourquoi, sans doute dans une réaction typiquement humaine, plutôt que de jeter la reine dans l’herbe, je la déposai sur les cadres parmi ses sœurs qui calmement l’entourèrent, palpant son corps délicatement avec leurs antennes puis qui, selon mon interprétation du moment,  dans une sorte de procession mortuaire, se décidèrent à l’ensevelir, je la voyais disparaître lentement entre deux cadres.

Retour chez moi, je m’imaginais déjà comment  et où récupérer une cellule royale ou une nouvelle reine afin de faire avancer le processus remérage, quand je reçu un appel vraiment bienvenu de notre Christine.
J’en profitai pour glisser dans la conversation mon aventure du jour et c’est là que Christine me dit qu’il n’était pas rare qu’une reine fasse la « morte » ou alors était-ce un collapsus, petit malaise passager, que j’avais eu involontairement le bon réflexe de la redéposer parmi les siennes et que rien n’était perdu !

Quelques jours plus tard, je devais retourner au rucher pour y déposer du matériel. J’en profitai pour visiter à nouveau la colonie dans l’espoir d’y voir au pire une ébauche de cellule royale et quelle ne fut pas ma surprise, ma reine se promenait nonchalamment sur un cadre, semblant exhiber fièrement sa belle marque verte…Christine avait vu juste !

Raymond Peeters